Alors qu’à peine une Française sur deux atteint les recommandations d’activité physique, des initiatives se multiplient pour favoriser la féminisation du sport.
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Il n’est pas acceptable que le sport demeure, dans certains quartiers, une activité pensée pour et par les hommes et pratiquée quasi exclusivement par des hommes. » Profitons de ce coup de gueule de Fabienne Keller et Patrick Braouezec, vice-présidents du Conseil national des villes (CNV), et de leurs récentes recommandations visant à favoriser l’activité physique au féminin dans les quartiers populaires, pour prolonger, dans cette chronique, la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars.
Une quinzaine de mesures
Dans le domaine du sport comme dans bien d’autres, on est encore loin de la parité. Mais des initiatives de tous ordres, publiques et privées, fleurissent pour y remédier. Ainsi des préconisations annoncées le 5 mars par le CNV, une instance gouvernementale. Partant de la situation peu favorable des filles et des femmes des quartiers envers les pratiques sportives (manque de temps et de budget, contraintes familiales, problèmes de santé, freins liés aux stéréotypes de sexe…), le CNV propose une quinzaine de mesures. Il s’agit par exemple d’aider les familles « en adaptant les heures d’ouverture des équipements aux horaires des femmes », « en offrant des possibilités de garde d’enfants », et « en incitant à des pratiques sportives libres en famille ».
Mais la question de la promotion du sport, et plus largement de l’activité physique (AP) au féminin, dépasse largement les zones défavorisées. Et, au vu des données épidémiologiques, elle pourrait même devenir une urgence de santé publique.
En France, seulement 53 % des femmes adultes atteignent les trente minutes quotidiennes d’AP recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon l’étude Esteban 2015 de Santé publique France. Une proportion bien plus faible que chez les hommes (70 %), et qui surtout a reculé de 10 points depuis dix ans. Le constat est carrément dramatique dans la tranche 6-17 ans, où moins de 20 % des filles réalise les soixante minutes quotidiennes d’AP recommandées à cet âge – c’est 28 % chez les garçons.
Plan de féminisation
Féminiser les pratiques sportives, mais aussi l’accès aux responsabilités dans les fédérations, Stéphanie Cornu s’y attelle depuis treize ans, comme chargée de mission au pôle ressources national « sport, éducation, mixités et citoyenneté » du ministère des sports. « C’est un travail de conduite du changement, pas une action féministe », souligne Mme Cornu, qui dit rencontrer davantage de résistance dans les disciplines classiques que dans les fédérations sportives plus jeunes. « Nous avons trois leviers : la formation des acteurs-clés (éducateurs sportifs, dirigeants de fédération, entraîneurs), des actions sur la communication et d’autres managériales », poursuit-elle. Depuis 2013, un plan de féminisation a été rendu obligatoire dans les fédérations sportives, mais l’état des lieux reste contrasté. Entre 2012 et 2016, le nombre de licences féminines a par exemple doublé à la Fédération française (FF) de rugby à XIII, dans celles du sport travailliste (omnisports), de surf, de triathlon. Mais certaines disciplines restent presque exclusivement des clubs pour hommes. En queue de peloton, la FF des pêches sportives (avec 2,4 % de femmes) et celle de giraviation (3,3 %). La FF de football et celle de rugby sont à moins de 7 % de licenciées en 2016.
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