Lancé début 2018, le centre de santé départemental a déjà recruté 37 médecins et permis à 15 000 patients de retrouver un médecin traitant.
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Le docteur Charles Dorsinville avec une patiente, au centre départemental de santé, le 15 mars 2019 à Sagy, en Saône-et-Loire. CLAIRE JACHYMIAK POUR »LE MONDE »
Denis Evrard est un maire heureux. Sept années après le départ à la retraite de son dernier médecin généraliste, sa commune de 2 000 habitants, à la périphérie de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), vient enfin de retrouver un praticien. Grâce à une initiative départementale originale visant à lutter contre les déserts médicaux, Lux est devenue, le 11 mars, la douzième « antenne » du centre de santé de Saône-et-Loire. Avec ses 37 médecins salariés, ce dispositif lancé début 2018 a d’ores et déjà permis à 15 000 personnes de retrouver un médecin traitant. Une réussite dans un département où le nombre de généralistes avait diminué de 13,5 % entre 2007 et 2017.
Avec ses adjoints, l’élu divers gauche a déposé ces derniers jours dans les boîtes aux lettres de tous ses administrés le mode d’emploi de la nouvelle antenne : un médecin présent quatre à cinq demi-journées par semaine, accessible uniquement sur rendez-vous, mais avec des créneaux d’urgence disponibles le jour même, et sans dépassement d’honoraires. « Les généralistes des communes avoisinantes sont saturés, ils ne prennent plus de nouveaux patients, explique M. Evrard. Et pour aller consulter à Chalon, quand on n’a pas de voiture, il faut compter au moins quarante minutes en bus. Pour certaines personnes âgées, c’est très difficile. »
Pour fonctionner, le dispositif départemental prévoit une prise en charge des locaux et des charges (chauffage, ménage) par les municipalités. C’est un local municipal de 40 m2 aménagé par les agents municipaux dans une partie de la maison des associations, pour un peu plus de 15 000 euros, qui a fait l’affaire. « Etre obligé de payer avec les deniers publics pour avoir un médecin, ça m’a un peu chiffonné au départ, reconnaît M. Evrard, qui a été interpellé le jour de l’ouverture par des infirmières libérales venues lui demander la même aide… Mais c’était la moins mauvaise solution. On n’avait pas vraiment le choix, c’était ça ou rien. »
Satisfaits de leurs conditions d’exercice
Le docteur Eric Lequain, 56 ans, qui assure désormais les quatre à cinq demi-journées de consultation par semaine à Lux, est un médecin heureux. Il y a dix ans, il avait tiré un trait sur quinze années d’exercice en libéral à Mercurey, une autre commune du département, pour exercer un emploi salarié au centre de transfusion sanguine. « J’étais parti parce que je ne pouvais pas maîtriser mon temps de travail, dit-il. J’arrivais à 7 h 30 le matin, je repartais à 20 heures, avec un sandwich au milieu. Je faisais cinq à six patients par heure. Il ne fallait pas être trop malade pour venir me voir… » Grâce aux conditions proposées par le département, il dit avoir repris goût à l’exercice de son métier.
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