Dans le cadre du mercato, les clubs d’arrivée doivent indemniser les clubs qui ont formé les joueurs, expliquent, dans une tribune au « Monde », les économistes Arnaud Chéron et Florian Pelgrin. Pourquoi ne pas étendre ce système aux entreprises ?
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Tribune. Le mercato hivernal est clos depuis quelques jours : il n’a, à première vue, pas donné lieu à des mobilités de joueurs particulièrement intenses, ni à des montants de rémunérations ou d’indemnités sortant de la norme du football. Globalement, ces dernières années, la situation financière des clubs s’est assainie, avec, pour contrepartie, une tendance à la stabilisation du montant total des indemnités de transfert, autour de 6 milliards d’euros par an à l’échelle du football mondial. Il faut certainement y voir un des effets du fair-play financier, en vigueur pour les clubs de l’UEFA depuis 2010.
Mais il y a un autre domaine où le football s’est doté d’outils de régulation particuliers, et dont certains enseignements peuvent être tirés au-delà de ce marché bien spécifique : il s’agit de la formation. La France peut d’ailleurs s’enorgueillir d’être leader en la matière, puisqu’on notera, par exemple, que 216 joueurs nés et formés en France ont participé aux différentes Coupes du monde depuis 2002, ce qui la place en première position, devant le Brésil, avec 148 joueurs formés. Ce leadership se retrouve aussi au niveau des clubs, avec 6 clubs français dans les 16 premiers clubs formateurs européens.
Si la Fédération française de Football (FFF) a largement contribué au développement important d’infrastructures dédiées à la formation des jeunes footballeurs (avec 15 pôles espoirs masculins et 36 centres de formation agréés), les instances dirigeantes internationales ont toutefois su mettre en œuvre une panoplie de mesures qui n’ont pas cours sur le marché du travail en général, au travers, notamment, de deux dispositifs donnant des incitations financières à la formation.
Contribution de solidarité
On notera tout d’abord l’indemnité de formation, qui, en cas de transfert du joueur à l’international avant ses 23 ans, rétribue les clubs formateurs selon une grille de coûts pouvant aller jusqu’à 90 000 euros par année, et au prorata du temps consacré à l’éducation du joueur entre sa 12e et 23e année.
Ensuite, un mécanisme de solidarité a également été instauré par la FIFA, allant au-delà de la période de formation du joueur : si un joueur professionnel est transféré avant l’échéance de son contrat, tout club ayant participé à la formation et à l’éducation du joueur reçoit une proportion de l’indemnité versée à l’ancien club, là aussi au prorata de la période de formation que le joueur a passée dans chaque club. Le taux global de cette contribution de solidarité est fixé à 5 % du montant du transfert, et on comprend donc que pour certains petits clubs, notamment amateurs, les contreparties financières peuvent s’avérer importantes lorsque les indemnités se chiffrent en plusieurs dizaines de millions d’euros.
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